Le secret de Lola

Prix de la nouvelle érotique 2022

Certain.e.s qui me suivent sur Instagram depuis longtemps se souviennent surement de ma participation au “Prix de la nouvelle érotique”. Il s’agit d’un concours d’écriture qui à lieu en décembre, de nuit. Et oui, sacré challenge, le sujet tombe à minuit et il faut rendre son texte avant 8h du matin. J’avais partagé mes ressentis et mes difficultés en story cette nuit là.

Aujourd’hui, la liste des 25 finalistes vient de tomber et malheureusement, je n’en fait pas partie. Je suis tout de même très heureuse d’avoir participé et d’avoir vécu cette expérience.

La bonne nouvelle c’est que du coup, je peux vous partager mon texte. Pour rappel, le thème était : “Avis de pas sage” et le dernier mot du récit devait être “bâton”.

Laissez votre avis en commentaire ! Bonne lecture !


Le secret de Lola

Illustration par : @faune.jpeg

Cette fille, Lola, c’est une fille incroyable. Je suis la seule personne qui connait son secret. Son secret intime. Ce qui la fait jouir. En même temps, on ne peut pas le dire à n’importe qui. Les désirs les plus profonds ils sont toujours un peu tordus. Et moi j’aime bien les tordus.

Ce mardi soir à 23h, Lola pose son livre, elle prend son verre et elle rejoint le petit balcon de son appartement. Elle allume la bougie avec une allumette, elle allume sa cigarette avec la bougie. Son appartement donne sur la rue, une rue étroite avec très peu de passage une fois la nuit tombée. Juste en face, le voisin allume la lumière de sa chambre, comme une petite télévision gratuite. D’où elle est, elle peut voir son lit qui tombe pile en face de la fenêtre, la porte de sa chambre qui donne sur un couloir et un petit bout de son bureau en bois clair. Les murs sont blancs et au-dessus du lit il y a une reproduction du baiser de Klimt. Rien ne traine sur la table de chevet, le voisin est du genre maniaque et ordonné.

Elle tire une taffe et boit une gorgée de gin-tonic. Elle aime bien le regarder, c’est sa manière à elle de passer du temps avec lui. Juste à cet instant de la journée, elle le sait, il va commencer à baiser. Il laisse les rideaux ouverts, est-ce qu’il le fait exprès ? Est-ce que cela fait partie de son plaisir, de savoir que quelqu’un le regarde ?

Tous les mardis soirs, c’est la même rengaine. À 23h, il allume la lumière de sa chambre, il fait rentrer une fille, il ouvre le colis qu’il a récupéré dans sa boîte aux lettres quelques heures auparavant, il en sort un objet et ils jouent avec. Elle a vu de tout Lola, un gode, un bâillon, des menottes, un concombre, du lubrifiant, des cordes, de la chantilly… Chaque mardi il y a un nouvel objet dans ce carton, et chaque mardi, quel qu’il soit, l’objet est utilisé à des fins sexuelles pour le plus grand plaisir du voisin d’en face et celui de Lola bien sûr.

La dernière fois, pendant que la fille se déshabillait, il a ouvert le carton, il a sorti un plug et ni une ni deux, il l’a enfoncé dans le cul de la fille. Lola, sur son petit balcon, elle n’en a pas raté une miette. Elle fumait sa deuxième cigarette en profitant du spectacle. Quand elle le regarde, elle sent toujours une petite boule se loger dans son ventre, un boule de désir qui lui ferait presque mal. Elle n’a pas envie de les rejoindre, non, ce qu’elle aime, c’est regarder. Juste regarder.

Ensuite, la fille s’est allongée sur le lit, le voisin est venu entre ses jambes et il a léché. Elle s’est contorsionnée, elle a pris son plaisir et il a léché un bon moment. Lola a tout regardé en allumant sa troisième cigarette. La fille s’est mise à 4 pattes sur le lit, le voisin a baissé son pantalon, enfilé une capote, il a retiré le plug et il l’a enculée. « Ça, c’est vraiment beau ! » a dit Lola. Dommage qu’on soit en hiver, car en été, il laisse la fenêtre ouverte et elle arrive parfois à les entendre gémir. Quand elle n’en peut plus, Lola finit son gin cul sec, elle souffle sur la bougie et à la lueur de la lune, elle se caresse en les regardant faire. Des fois elle jouit avant eux. Elle reste quand même pour regarder jusqu’à la fin, et puis quand ils ont terminé elle va se coucher.

Imaginez que le voisin déménage. Putain de crève-cœur. Surement qu’elle devrait se résigner à aller dans un club libertin, pour continuer de regarder, toujours regarder. Elle n’a jamais aimé qu’on la touche, il ne faut pas chercher à comprendre. Lola, ce qu’elle aime c’est regarder et se branler.

Vous vous demandez comment elle a découvert ce plaisir, je peux vous le raconter, elle me l’a dit. Quand elle avait 16 ans, lors d’une soirée où elle est restée dormir sur place, elle a partagé une chambre avec sa meilleure amie. Celle-ci a ramené un mec. Lola, elle a fait semblant de dormir, mais elle ne dormait pas. Elle les a entendu chuchoter. Et puis elle a entendu des bruits mouillés, des frottements, des gémissements retenus, des respirations accélérées. Elle a entrouvert ses yeux et elle a distingué la queue du mec bien dure, enfoncée dans la bouche de sa copine. Elle pourra vous le dire, ça ne l’a pas choquée, ça ne l’a pas dégoutée, Lola, elle a trouvé ça magnifique. Elle a glissé sa main dans sa culotte et elle les a regardés en frottant son clitoris. Elle n’a jamais cessé de vouloir revoir ce spectacle, c’est le plus beau selon elle. Le porno, ça ne lui fait rien. Elle veut regarder, oui, mais des gens en vrai, au présent. Pas des acteurs, pas des corps parfaits, pas des scénarios pourris, non, elle veut voir la vie, le sexe brut, c’est comme ça qu’il est pur.

Il faut que je vous dise la vérité, le voisin d’en face c’est moi. Et Lola, si vous saviez comme je l’aime. On s’aime. Mais on n’a jamais fait l’amour ensemble, Lola, elle n’aime pas qu’on la touche. Alors tous les mardis soir, j’invite une fille chez moi et elle me regarde baiser depuis son appartement. C’est comme ça qu’on fait l’amour avec Lola.

Son secret à Lola, c’est aussi mon secret à moi. Elle aime regarder, et le jour où j’ai emménagé en face de chez elle, je l’ai tout de suite remarqué. Alors j’ai volontairement laissé les rideaux ouverts, d’abord pour me branler et puis après j’ai continué à le faire même quand je recevais une invitée. Je regardais par la fenêtre, la lueur de sa petite bougie pour vérifier qu’elle était bien là. L’idée de savoir ses yeux sur moi me donnait de nouvelles sensations. Je me sentais fier, plus fort, digne de lui faire le spectacle.

Pour pimenter notre récréation lubrique, chaque semaine, Lola m’envoie un petit colis avec l’objet de son choix. C’est un défi, je dois l’utiliser avec mes partenaires de jeu, ça tombe bien, elles sont toujours très volontaires, et jusqu’à aujourd’hui, j’ai relevé tous les défis.

Nous sommes mardi, je n’ai pas eu de colis, mais un avis de passage. C’est la première fois que l’objet ne rentre pas dans ma boite aux lettres. Je suis allé récupérer cette surprise pas sage et me voici dans ma chambre avec une amie.

Il est donc 23h00, Lola a posé son livre et a rejoint le petit balcon de son appartement. Elle a allumé sa bougie avec une allumette, sa cigarette avec la bougie et elle m’attend. J’embrasse mon invitée, elle a la peau douce et les cheveux dorés. Je me régale d’avance de ce moment que l’on va partager. Elle me déshabille, elle s’agenouille et elle me prend dans sa bouche. Je pense à Lola, elle adore ça, qu’on me suce. Surement que ça la renvoie à son premier souvenir pornographique. J’ai tellement envie de mon invitée, mon sexe est tendu et glisse tout seul dans sa bouche. J’ai envie d’aller plus loin, je me dirige vers le bureau et j’ouvre la longue boite en carton que j’ai récupérée tout à l’heure. J’ai joué avec un paquet d’objets, mais c’est celui-là me laisse sans voix. Lola, elle exagère parfois, elle me met dans de sacrées situations, parce que je me demande bien ce que je vais pouvoir faire avec un bâton.

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