Cher Carnet

Lundi 6 Juin – 14h07

Je suis dans l’avion, il ne va pas tarder à décoller. Je déteste ce moyen de transport, aussi sûr soit-il. Mais j’ai seulement 2h de vol, alors je vais écrire un peu pour penser à autre chose.

Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps. Tous les étés c’est la même chose. J’adore les vacances, j’adore le soleil, la plage, les bons restaurants, les fêtes, flâner, visiter, marcher… Je ne suis pas chiante, j’aime TOUT en vacances. Donc je ne comprends pas pourquoi elles se transforment toujours en calvaire. La première fois je me suis dit, « c’est la faute à pas de chance », la deuxième fois je me suis dit « c’est la faute à vraiment pas de chances ». Et puis la troisième, la quatrième, la cinquième… je me suis dit que j’étais vraiment une personne maudite des vacances. J’ai bien analysé la situation, je me suis remise en question, et c’est toujours la même conclusion : les gens avec qui je pars me pourrissent le voyage. Je suis sûre que c’est arrivé au moins une fois à quelqu’un, ça a beau être tes amis, une fois en voyage, c’est l’enfer. Et bien moi, ça m’arrive tout le temps.

2022 tu ne m’auras pas. Cette année, je prends une sacrée décision. Ça peut ne paraitre pas grand-chose pour certain.e.s, mais pour la fille timide et réservée que je suis, c’est un challenge ! Donc cette année, je pars toute seule en vacances ! C’est ma révolution à moi. Et pour immortaliser tout ça, j’embarque ce petit carnet et je vais noter toutes mes aventures. Ce sera le souvenir de mon tout premier voyage réussi, le souvenir des vacances les plus dingues que j’ai jamais vécues.

Lundi 6 Juin – 17h43

Je viens de prendre mes quartiers dans une petite auberge de jeunesse que j’avais réservée avant de partir. J’ai choisi cette option, car je crois qu’il n’y a pas de meilleure solution pour rencontrer du monde et aussi parce que ce n’est pas cher. J’ai beau être partie toute seule, je ne compte pas rester en tête à tête avec moi-même pendant 10 jours. Je suis dans un dortoir à 4 lits, je dois avouer que je me demande quand même ce que je fous ici.

Un couple me salue en passant devant la chambre, ils me font un sourire rassurant. Ils ont dû repérer en un coup d’œil la touriste solitaire, fraichement arrivée et en panique que je suis. Avant de partir, j’appréhendais un peu, un autre pays, une autre langue, je ne connais rien ni personne ici. Mais une fois qu’on y est, on se dit que finalement, ce n’est pas si compliqué que ça. Se laisser porter… j’ai juste à me laisser porter. Je vais ranger mes affaires dans mon casier et aller explorer les lieux, il parait qu’il y a une piscine et un bar sur le toit.

Du haut de mes 29 ans, j’ai l’impression d’être une adolescente à écrire tout ce qui m’arrive. J’ai presque envie de parler à mon carnet, comme au bon vieux temps. J’aurais dû en acheter un avec Diddle en couverture et un petit cadenas pour le sécuriser. Allez, à toute à l’heure petit carnet adoré.

Mardi 7 Juin 4H51

Je viens de rentrer ; je suis ivre. Ivre de joie. Ivre de plaisir, ivre d’amour. J’ai envie de tout écrire là maintenant, avec l’esprit encore embué, mais les souvenirs très frais. Si ça se trouve demain je vais croire que j’ai rêvé, qu’il ne m’est rien arrivé. Note à moi-même : si tu lis ceci, sache que tu l’as fait, que tu es complètement folle et que je t’aime. J’écris n’importe quoi, je suis bourrée, je vais me coucher.

Mardi 7 Juin 15H14

Cher carnet, désolée pour cette nuit, je t’ai souillé. Moi qui voulais garder une belle écriture bien propre, j’ai pourri la page. J’espère que tu sauras me pardonner. Tu dois te demander où j’ai passé la nuit ? Avec qui ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Moi aussi je me le demande, je vais essayer de recoller les morceaux petit à petit.

Je ne sais pas par où commencer. Mes premières 24H à Ibiza étaient complètement dingues. Et c’est que le début, je le sens. Je crois que je n’ai plus de limite ici. Le fait de ne connaitre personne c’est un peu comme un RESET complet de ma personne. Je peux être qui je veux, mais je peux aussi être 100% moi. Je peux faire absolument tout ce que je veux, personne n’en dira rien, personne n’en saura rien. Je peux laisser exploser des faces cachées de moi-même. C’est exactement ce que j’ai fait cette nuit.

Reprenons depuis le début. Hier, après avoir rangé mes affaires, je suis allée sur le Rooftop de l’auberge. Petit cocktail, petite baignade, petit livre. Je crois que j’étais au paradis. Le couple qui m’avait saluée un peu plus tôt est venu s’installer à côté de moi. C’est des Allemands, ils sont là depuis une semaine, ils repartent après-demain. On a discuté en anglais (très approximatif pour ma part) et on a bien accroché. Ils m’ont proposé de les rejoindre le soir même dans un petit club moins touristique que les autres. J’accepte volontiers et le soir venu, j’ai enfilé une jolie robe bleu nuit très légère, j’ai lâché mes cheveux dorés par le soleil et j’ai maquillé mes yeux en noir charbon. Vers 23h00, nous déambulons dans des petites rues d’Ibiza, l’air est doux et une fois bien installés dans ce joli club, on a enchainé les mojitos et les danses caliente !

Et puis, le voilà qui s’est approché de moi sur la piste, il avait cette façon d’onduler son corps de plus en plus près du mien. Je me suis laissé faire, il m’a séduite en une seconde. Il roulait ses hanches en  attrapant les miennes. C’est un homme aux cheveux bouclés, très bruns et aux yeux verts d’eau. Il me fixait avec une assurance désarmante. Plutôt grand et pas très costaud, il n’a rien d’un mannequin et c’est ce qui me plait le plus. On a dansé un long moment, une belle manière de s’apprivoiser, d’apprendre à se connaître rien qu’avec nos corps. Embarqués par l’ambiance, la musique et l’attirance, on a fini par s’embrasser. Nos langues qui s’emmêlent, le feu d’artifice dans ma poitrine... Rien que d’y repenser ça me fait une boule au ventre.

Je voulais en savoir plus sur lui alors je lui ai offert un verre. Alejandro est espagnol, il vient de Barcelone, il travaille à Ibiza tous les étés, il connaît l’île sur le bout des doigts. Plus je discutais avec lui et plus il me plaisait, tout simplement.

À 1h du matin, les Allemands m’ont fait signe qu’ils rentraient se coucher, je leur ai fait signe que je reste. La nuit ne faisait que commencer avec Alejandro. J’ai commencé à lui caresser la cuisse pendant qu’on parlait. Il a caressé la mienne à son tour. Nos mains se sont mises à malaxer nos cuisses comme un appel au sexe. Elles se baladaient, plus ou moins près de nos entre-jambes, comme une provocation. Le lieu public et la nécessité de se contenir ont rendu le désir de plus en plus puissant. J’ai tenté tant bien que mal de rester concentrée sur ses paroles, de décrypter cette langue qui n’est pas la mienne quand il s’est levé et m’a tendu la main en disant un truc du genre :

- Ven conmigo, tengo que hacerte descubrir un lugar especial !

En gros, il m’a dit de le suivre, il voulait me faire découvrir un endroit très particulier. J’ai hésité, je me suis posé mille questions en dix secondes : où est ce lieu ? Qu’a-t-il de si particulier ? C’est loin ? On y va comment ? Ce n’est pas dangereux pour moi ? … Et puis finalement, j’ai attrapé sa main en criant « Vale ! » et je ne vais pas le regretter.

Le soleil tape fort, je vais me baigner un peu, je raconterai la suite toute à l’heure. Bisous mon petit carnet, ne sois pas trop impatient, je reviens vite.

 (°)


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