Toucher la terre - Partie 2/6 UNIQUE TIRAGE
🔞 Trigger Warning – Contenu explicite
Cette histoire contient des scènes de sexualité explicite. L’ensemble du récit repose sur une relation entre deux adultes consentants, dans un cadre rural, brut et lentement érotique. Lecture réservée à un public averti.
PARTIE 2 - UNIQUE TIRAGE
Ce matin-là, Mila s’était réveillée tôt. Une lumière orange filtrait entre les volets, douce et déjà sèche. Elle se leva sans bruit, encore nue sous la chemise qu’elle avait enfilée la veille. Dehors, le jour s’étirait lentement, la campagne respirait en silence.
Elle prit son appareil et s’assit à la fenêtre. Elle attendit.
Il arriva à 8h07. Gabriel.
Toujours la même démarche. Il avançait dans la lumière comme un être à part, plus végétal qu’humain. Torse nu, salopette à moitié ouverte, peau cuivrée et poussière sur les avant-bras. Rien ne semblait le distraire de sa tâche.
Il ne regardait jamais vers elle. Jamais vers la maison. Mais Mila, elle, le regardait de plus en plus.
Elle photographiait par rafales, à la volée, sans trop viser. D’abord de loin, puis plus serré. Elle connaissait maintenant ses gestes : la main gauche toujours en premier sur la brouette, la façon qu’il avait de s’essuyer le front d’un revers rapide. Des gestes simples. Quotidiens. Mais elle, elle les trouvait brûlants.
Elle développa les clichés l’après-midi même, dans l’ombre fraîche de la pièce du fond. Une bassine, quelques produits chimiques, et son petit labo de fortune. À mesure que les images apparaissaient dans le bain, Mila sentait un frisson s’installer. Ce n’était plus un travail d’observation, c’était… une capture. Un vol.
Sur une photo, il est de profil. Une goutte de sueur court le long de sa tempe. Sur une autre, sa salopette tombe un peu sur les hanches. La ligne oblique de son bassin l’obsède. Sur celle qu’elle garde pour elle seule, il est flou, mais on distingue la tension de sa mâchoire, le mouvement d’un muscle qui se contracte. Presque une grimace.
Mila ne résiste pas. Elle glisse sa main entre ses cuisses, là, dans le silence de l’après-midi. Elle ferme les yeux. Elle pense à son odeur. À sa peau. À la façon dont il passerait ses doigts sur son ventre, sans douceur. Elle se touche comme on vole : vite, fort, honteusement. Elle jouit, les lèvres serrées, pour ne pas faire de bruit.
Les jours passent. Gabriel continue à apparaître, toujours à la même heure. Elle remarque qu’il prend parfois un autre chemin. Par moments, il semble ralentir mais il ne la regarde jamais et ça la rend folle.
Elle essaie de croiser son chemin. Prend des photos plus ouvertes. Un jour, elle sort en robe, sans soutien-gorge. Elle pense qu’il l’a vue, qu’il voit. Mais toujours ce même mur, ce masque, cette impassibilité.
Elle commence à lui prêter des intentions. Peut-être fausses, peut-être réelles.
Elle se dit qu’il la voit. Qu’il attend, mais quoi ? Qu’elle vienne à lui ou qu’elle arrête?
Un soir, elle imprime une photo. Une seule. L’une des plus intimes. Floue. Tactile. On n’y voit presque rien, mais on devine son visage, penché, concentré. Quelque chose de vulnérable.
Elle glisse le tirage dans une enveloppe kraft. Pas de mot. Et la dépose dans la boîte aux lettres du mas voisin. Sans attendre de réponse. Enfin…
Disponible dès lundi 25 août